Mondiaux de cyclisme: la sensation Vallières, le fiasco des favorites
Une sensation et un fiasco: la Canadienne Magdeleine Vallières a profité du surplace des favorites, qui se sont neutralisées quitte à tout perdre, pour devenir championne du monde de cyclisme sur route samedi à Kigali.
Le monde s'attendait à un triomphe de Pauline Ferrand-Prévot, Marlen Reusser ou Demi Vollering. Il a eu droit au sourire lumineux et légèrement incrédule d'une Québecoise de 24 ans qui ne figurait même pas parmi les plus lointaines outsiders.
"Je n'arrive pas y croire", a balbutié Magdeleine Vallières en s'effondrant dans les barrières, quelques secondes après avoir franchi la ligne d'arrivée avec respectivement 23 et 27 secondes d'avance sur la Néo-Zélandaise Niamh Fisher-Black et la vétérane espagnole Mavi Garcia, 41 ans.
Derrière, les favorites, dont Demi Vollering et Marlen Reusser, sont arrivées plus d'une minute et demie plus tard. Pauline Ferrand-Prévot, la principale tête d'affiche, s'est même complètement relevée à la fin pour terminer seulement 16e à 1:50, trois places derrière Juliette Labous, la meilleure Française.
Le succès de Vallières représente l'une des plus grandes sensations depuis la création des Mondiaux féminins en 1958. Avant samedi, celle qui court à l'année pour l'équipe EF Education n'avait remporté qu'une seule course dans sa carrière, le modeste Trophée de Palma en 2024.
"Je vais prendre un peu de temps à réaliser, c'est fou, a-t-elle réagi. C'était un rêve, mais il y a tellement de filles fortes. J'ai été dans les bons +moves+. La chance était avec moi aujourd'hui, les jambes aussi", a déclaré la native de Sherbrooke, première Canadienne championne du monde sur route.
Dépitées, les favorites ne pouvaient que constater les dégâts après un enterrement de première classe à 25 km de l'arrivée où elles se sont retrouvées quasiment à l'arrêt derrière un groupe de tête de dix coureuses et trois autres concurrentes en contre.
- "Tirées vers le bas" -
Marlen Reusser, sacrée championne du monde du contre-la-montre dimanche dernier, s'est bien lancée dans un raid désespéré à l'entame du dernier des onze tours de circuit. Pauline Ferrand-Prévot aussi a tenté de passer à l'attaque. En vain, il était trop tard.
"J'ai marqué Demi (Vollering), Demi m'a marquée et on s'est un peu toutes tirées vers le bas. Mais c'est un Championnat du monde, c'est souvent plus tactique que physique", a plaidé "PFP", pointant aussi l'absence d'oreillettes sur ce genre de courses.
"C'est un peu la vieille école quand même, on avait les écarts mais on avait du mal à voir les tableaux. Mais ça fait aussi la beauté d'un championnat", a-t-elle ajouté.
Juliette Labous pointait, elle, des "problèmes de communication entre nous et de jugements de sensations pour certaines filles" pour expliquer pourquoi la France, principale favorite, s'est retrouvée ainsi piégée.
"On a le droit d'être déçues clairement, on ne venait pas pour faire ce qu'on a fait", a-t-elle déploré.
Pauline Ferrand-Prévot ne nourrissait cependant pas trop regrets dans la mesure où elle n'était "pas dans un grand jour", notamment dans les pavés où ça n'allait "pas du tout".
La lauréate du dernier Tour de France préférait se projeter déjà sur les Championnats d'Europe la semaine prochaine en Drôme-Ardèche, où les Bleues aligneront la même équipe (plus Marion Bunel) avec l'intention de décrocher l'or cette fois.
Mais samedi à Kigali, c'était le jour de Vallières.
"C'est une coéquipière exemplaire. Toute l'année c'est elle qui se met à la planche pour m'épauler sur toutes les courses. Là elle vient juste de faire un truc de ouf", l'a félicitée sa leader chez EF Education Cédrine Kerbaol.
S.Scott--PI