Ski: Zabystran surprend Odermatt, Allègre abonné à la 4e place
La sensation Jan Zabystran, la malédiction Nils Allègre: le Tchèque a remporté vendredi à la surprise générale le super-G de Val Gardena tandis que le Français a terminé au pied du podium pour la quatrième fois de sa carrière dans la station des Dolomites.
A 27 ans, Zabystran a offert à son pays une première victoire en Coupe du monde masculine, au nez et à la barbe de l'incontesté patron de la discipline, le Suisse Marco Odermatt.
Parti avec le dossard 29, le Tchèque, dont le meilleur résultat jusque-là était une 8e place (au super-G de Kvitfjell, en Norvège, en mars dernier), a profité d'une amélioration des conditions de course pour devancer Odermatt de 22/100e.
"Mon rêve, c'était un jour de monter sur le podium, mais gagner, c'est incroyable. J'ai terminé 32e jeudi de la descente, je me suis juste dit +Fais ton ski et tu pourras peut-être marquer des points+", a expliqué Zabystran, les yeux encore rougis et toujours incrédule.
"Quand je suis allé m'asseoir pour la première fois de ma carrière dans le fauteuil de leader, Marco m'a dit +Bien joué, belle course+ et quand Marco Odermatt vous dit que vous avez bien skié, c'est que cela doit être vrai", a poursuivi le Tchèque, qui s'entraîne avec l'équipe d'Allemagne.
Avant lui, il fallait remonter à la fin des années 1970 pour trouver trace d'un Tchècoslovaque jouant les premiers rôles sur les pistes, Bohumir Zeman, vainqueur en 1981 du prestigieux combiné de Kitzbühel (Autriche). Mais la Fédération internationale de ski (FIS) ne considère pas ce succès comme une victoire en Coupe du monde.
- "Pas l'impression d'être con" -
Au lendemain de sa victoire en descente sur la Saslong, qui l'a fait entrer dans le club fermé des skieurs aux 50 victoires sur le circuit mondial, Odermatt est passé par tous les états.
Il a tremblé à plusieurs reprises, notamment lors du passage d'Allègre, avant de croire qu'il avait signé sa 51e victoire, la sixième de l'hiver.
Jusqu'au "run" improbable de Zabystran.
"Je suis content de ma performance, j'ai fait ce que j'avais à faire, mais c'est ça, Val Gardena, il faut attendre jusqu'au dernier skieur, tout est possible ici", a souligné "Odi".
Le lauréat des quatre dernières éditions de la Coupe du monde a tout de même réalisé une belle opération: il compte désormais 383 points d'avance, soit quasiment l'équivalent de quatre victoires, sur son premier poursuivant, le Norvégien Henrik Kristoffersen.
Et ce n'est peut-être pas fini: samedi, une nouvelle descente, sur l'intégralité de la Saslong cette fois, conclut l'étape de Val Gardena, avant un géant dimanche à Alta Badia, où le Suisse est invaincu depuis 2022.
La troisième place est revenue à un autre invité surprise, l'Italien Giovanni Franzoni (à 37/100e du vainqueur) qui, en larmes, a dédié ce premier podium à son compatriote Matteo Fronzoso, mort cet été après une chute à l'entraînement au Chili.
Au lendemain de sa quatrième place dans la première descente disputée sur la Saslong, Allègre a entrevu le podium avant de devoir se contenter d'une 4e place "frustrante".
"Je n'ai pas le droit de tirer la tronche, mais c'est une histoire qui se répète. Quatrième, c'est la place du con et je n'ai pas trop l'impression d'être un con en ce moment", a-t-il expliqué sur Eurosport.
Comme Nils Alphand la veille, un autre Bleu en panne de résultat, Matthieu Bailet, s'est classé 5e, à 47/100e du vainqueur, malgré son gros dossard (43).
K.Morris--PI