

Michel Barnier favori pour devenir député LR de Paris
Michel Barnier retrouvera-t-il les bancs de l'Assemblée? Les Parisiens de la deuxième circonscription de la capitale, réputée imperdable pour la droite, sont appelés aux urnes dimanche pour le second tour d'une législative partielle qui donne l'ex-Premier ministre LR largement favori face à la socialiste Frédérique Bredin.
Sans surprise, le candidat des Républicains, 74 ans, est arrivé en tête du premier tour avec 45% des voix face à l'ancienne ministre des Sports de François Mitterrand, 68 ans, qui en a recueilli 32%, sur fond de forte abstention.
Près de 74% des 75.000 électeurs inscrits avaient boudé dimanche dernier les bureaux de vote de cette circonscription des beaux quartiers de la rive gauche qui longe la Seine, du Quartier latin à la tour Eiffel, à cheval sur les 5e, 6e et 7e arrondissements.
Beaucoup n'avaient même pas reçu les professions de foi des 17 candidats en lice pour ce scrutin provoqué par l'invalidation de l'élection du député macroniste Jean Laussucq pour irrégularités dans ses comptes de campagne.
Michel Barnier a lu dans ce désintérêt l'expression d'"un mécontentement, une lassitude, à l'égard de la situation politique nationale actuelle", alors que le Premier ministre Sébastien Lecornu est toujours sans gouvernement.
Celui qui avait fait de la Savoie son fief électoral pendant des années - député, sénateur, président de l'assemblée départementale - a assuré vivre depuis 12 ans à Paris pour justifier sa candidature.
S'il l'emporte, l'ancien négociateur du Brexit deviendra le seul député LR de la capitale, dont les 18 circonscriptions sont partagées depuis 2022 entre la gauche et les macronistes.
Le Premier ministre à ce jour le plus éphémère de la Ve République retrouvera alors le Parlement, moins d'un an après y avoir été renversé sur les textes budgétaires.
"Michel Barnier été débarqué de Matignon et revient par le biais de cette élection pour hanter les couloirs. On ne peut pas laisser faire", a expliqué Olivier Faure, le patron du PS, à des habitants du 5e arrondissement lors d'un tractage avec Frédérique Bredin, qui elle aussi a connu le palais Bourbon quand elle était députée de Seine-Maritime.
- Plainte pour diffamation -
Durant sa campagne, la candidate à la députation a reçu de nombreux soutiens dont ceux du député européen Raphaël Glucksmann, de l'ancien Premier ministre Lionel Jospin, de l'écologiste Yannick Jadot et de l'ancien député macroniste de la circonscription entre 2017 et 2024, Gilles Le Gendre.
La socialiste estime que son concurrent aurait dû gagner dès le 1er tour dans cette circonscription ancrée à droite et "taillée" selon elle pour François Fillon aux législatives de 2012. "Mais Michel Barnier symbolise l'échec gouvernemental et les gens en ont assez de cette crise politique permanente", a cinglé la socialiste, qui souligne être en tête dans le 5e arrondissement.
En 2024, sa suppléante Marine Rosset avait créé la surprise aux législatives en arrivant en tête du premier tour sous la bannière du Nouveau Front populaire.
Le camp adverse répète que Frédérique Bredin est "soutenue par LFI", qui n'a pas présenté de candidat. Une allégation catégoriquement rejetée par la première concernée, au point qu'elle a déposé plainte pour diffamation et "faux accolés sur ses panneaux électoraux" faisant croire à un soutien de Jean-Luc Mélenchon.
Michel Barnier pourrait bénéficier dimanche d'un report partiel des voix obtenues par les candidats du RN Thierry Mariani, arrivé en troisième position (7%), et Reconquête Hilaire Bouyé (6%).
Au début de l'été, le Savoyard avait dû affronter le courroux de la maire du 7e arrondissement Rachida Dati, qui avait menacé de se présenter face à Michel Barnier, le soupçonnant de nourrir des ambitions municipales, avant de jeter l'éponge in extremis, moyennant l'investiture des LR pour l'hôtel de ville.
Si Renaissance a consenti à soutenir un LR dans cette circonscription qu'elle tenait pourtant depuis huit ans, la décision de Michel Barnier de prendre comme suppléante la maire du 5e arrondissement Florence Berthout, du parti Horizons, a été peu appréciée au sein du parti de Gabriel Attal, qui se retrouve "effacé dans l'équation", déplore une source en interne.
B.Roberts--PI