

Le Brésil premier pays concerné par la hausse des droits de douane, l'Inde dans le collimateur
Le Brésil sur le point de voir ses exportations davantage taxées, l'Inde menacée d'une surtaxe accrue, notamment pour ses relations commerciales avec la Russie: les principaux pays émergents sont dans le viseur des droits de douane de Donald Trump, avant que le reste du monde ne soit frappé à son tour.
Interviewé sur la chaîne CNBC, Donald Trump a menacé mardi d'aller plus loin que la surtaxe de 25% prévue sur les produits indiens à compter du 7 août, critiquant à la fois le manque d'ouverture de l'économie du géant d'Asie du Sud et les achats de pétrole russe par New Delhi.
"L'Inde n'a pas été un bon partenaire commercial, car elle fait beaucoup d'affaires avec nous, mais nous n'en faisons pas avec elle. Donc nous nous sommes mis d'accord sur 25%, mais je pense que je vais augmenter ce chiffre de manière significative dans les prochaines 24 heures, car ils achètent du pétrole russe", a-t-il insisté.
Dans l'immédiat, le Brésil va être le premier pays concerné par les hausses de droits de douane annoncées par la Maison blanche la semaine dernière.
Les produits brésiliens seront en effet visés par une surtaxe de 50% à partir de 00H01 mercredi (04H01 GMT), soit en théorie le plus important taux imposé à des produits importés aux Etats-Unis.
Pour Washington, il s'agit d'afficher son soutien à l'ex-président Jair Bolsonaro, accusé par la justice brésilienne d'une tentative de coup d'Etat après sa défaite lors de l'élection présidentielle de 2022, des poursuites qualifiées de "chasse aux sorcières" par son allié Donald Trump.
La réalité devrait être cependant plus nuancée pour l'économie brésilienne, dans la mesure où plusieurs centaines de produits, des noix à l'énergie en passant par l'industrie aéronautique ou le jus d'orange, sont exemptées.
Au total, selon Brasilia, 36% des exportations du pays vers les Etats-Unis seront concernées par ces taxes.
Une situation qui n'est pas sans rappeler celle des produits canadiens, théoriquement visés par 35% de droits de douane depuis le 1er août. Plus de 85% des exportations canadiennes vers les Etats-Unis sont toutefois épargnées, selon le Premier ministre canadien Mark Carney.
- La pharmacie dans le viseur -
En parallèle de ses menaces sur l'Inde, Donald Trump a maintenu la pression sur l'industrie pharmaceutique mondiale, en annonçant qu'il envisageait d'aller plus loin que les 200% de surtaxes brandis début juillet.
Sa volonté est de voir la production rapidement transférée sur le sol américain. Dans ce but, il envisage de mettre en place dans un premier temps "un droit de douane bas" sur ces produits, mais "dans un an, un an et demi maximum, cela sera 150% et ensuite 250%, parce que l'on veut des médicaments fabriqués dans notre pays".
L'annonce devrait intervenir, comme pour ceux prévus sur les semiconducteurs, "dans le courant de la semaine prochaine", a-t-il précisé.
Le président américain souhaite par ailleurs abaisser les prix des médicaments, plus chers aux Etats-Unis que dans la grande majorité des autres pays industrialisés.
Dans des courriers adressés la semaine dernière à 17 entreprises du secteur, il leur avait demandé d'abaisser les prix de leurs produits sous peine de représailles.
Les droits de douane sur l'industrie pharmaceutique devraient être au menu des discussions entre la Suisse et les Etats-Unis, alors que la présidente de la Confédération, Karin Keller-Sutter, et son ministre de l'Economie, Guy Parmelin, devaient atterrir mardi à Washington.
Ils espèrent parvenir à réduire la surtaxe de 39% sur les produits suisses prévue pour le 7 août, un niveau bien supérieur à celui appliqué à ceux provenant de l'Union européenne (15%).
Reste à voir si Donald Trump se montrera réceptif, alors qu'il a jugé les échanges précédents infructueux.
"La dame (Mme Keller-Sutter) est très gentille, mais elle ne voulait pas écouter. Ils ne payaient quasiment pas de droits de douane jusqu'ici. Nous avons 41 milliards de dollars de déficit et ils veulent payer 1%", a-t-il insisté sur l'antenne de CNBC.
Les signes de détente apparaissent cependant avec certains partenaires commerciaux. L'UE a ainsi annoncé suspendre ses mesures de représailles, après l'accord annoncé avec Washington limitant à 15% la majorité des droits de douane sur les produits européens.
R.Campbell--PI