

Israël approuve un plan prévoyant la "conquête" de la bande de Gaza
Le cabinet de sécurité israélien a approuvé une extension des opérations militaires visant à la "conquête" de la bande Gaza, a déclaré lundi une source officielle, après la mobilisation de dizaines de milliers de réservistes pour cette offensive.
La décision intervient alors que les Nations unies ne cessent d'alerter sur la catastrophe humanitaire et le risque de famine auxquels sont exposés les quelque 2,4 millions de Palestiniens de ce territoire soumis à un blocus total par Israël depuis le 2 mars.
Mais le cabinet estime qu'il y a "actuellement suffisamment de nourriture" dans la bande de Gaza et a consenti à la "possibilité d'une distribution humanitaire" si cela venait à être "nécessaire", a indiqué la source officielle.
Le plan, approuvé dans la nuit, prévoit que Israël maintienne son contrôle de la bande de Gaza et soutient un projet organisant le "départ volontaire" de ses habitants, selon la même source.
Dimanche soir, l'armée israélienne avait confirmé le rappel de "dizaines de milliers de réservistes".
Plusieurs médias israéliens estiment toutefois que la campagne ne devrait démarrer qu'après la visite au Moyen-Orient du président américain, Donald Trump, attendu dans région pour la mi-mai.
L'objectif affiché par le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, est toujours de "vaincre" le mouvement islamiste Hamas, qui a déclenché la guerre avec son attaque sans précédent du 7 octobre 2023.
Le plan approuvé par le cabinet de sécurité, réunissant un nombre restreint de ministres, prévoit "la conquête de la bande de Gaza et le contrôle des territoires" saisis, selon la source officielle.
- "Danger de mort" -
"Contrairement aux souhaits de plus de 70% de la population", le gouvernement a décidé de mettre "tous les otages en danger de mort", a commenté le Forum des familles, la plus grande association de proches d'otages en Israël, dénonçant un plan qui "menace également la vie de nos soldats".
Les combats à Gaza ont entraîné la mort de plus de 850 soldats israéliens.
Pendant la réunion du cabinet, M. Netanyahu a dit vouloir "promouvoir le plan Trump visant au départ volontaire des habitants de Gaza", selon la source officielle.
Début février, M. Trump, avait lancé l'idée d'une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la "Riviera du Moyen-Orient".
Pour cela, ses habitants pourraient, selon lui, être déplacés vers l'Egypte et la Jordanie, deux pays voisins qui ont rejeté catégoriquement cette option.
Ce projet avait suscité un tollé international, mais les autorités israéliennes s'y réfèrent régulièrement et ont créé une agence spéciale de permettre aux Palestiniens de quitter la bande de Gaza.
Les organisations d'aide internationale, de même que les Palestiniens de Gaza, témoignent depuis des semaines d'une situation humanitaire dramatique, notamment en raisons des pénuries de biens de première nécessité.
Le Programme alimentaire mondial (PAM), un des principaux fournisseurs de nourriture dans la bande de Gaza, a annoncé le 25 avril y avoir "épuisé tous ses stocks".
- "Chantage" -
Israël accuse le Hamas de détourner l'aide humanitaire, et justifie son blocus de la bande de Gaza par la nécessité de faire pression sur le mouvement pour qu'il libère les otages.
"Le plan qui nous est présenté signifie que de vastes zones de Gaza [...] resteront privées d'approvisionnement", a noté le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), rejetant un projet qui "contrevient aux principes humanitaires fondamentaux".
Lundi, le Hamas a accusé Israël de "chantage" à l'aide humanitaire. Pour le mouvement, Israël est "pleinement responsable de l'aggravation de la catastrophe humanitaire".
L'armée israélienne a repris ses bombardements et son offensive sur la bande de Gaza le 18 mars, mettant fin à deux mois de trêve ayant permis de sortir de Gaza 33 otages israéliens incluant huit morts, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 52.535 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.
Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne. Le Hamas retient également la dépouille d'un soldat israélien tué lors d'une précédente guerre à Gaza, en 2014.
A.Edwards--PI