

Places au permis de conduire: auto-écoles et inspecteurs vont poursuivre la mobilisation
Les organisations d'auto-écoles et d'inspecteurs du permis de conduire, mobilisés lundi à Paris pour réclamer plus de places à l'examen, comptent mener d'autres actions en régions chaque lundi, ont déclaré des représentants à l'AFP.
"on est là aujourd'hui pour avoir des places d'examen, parce qu'on a des délais qui sont insupportables", a expliqué Gilles Cuissot, gérant d'auto-école dans le Rhône durant un rassemblement à la mi-journée, place de la Nation à Paris.
Les manifestants, qui ont mené une opération escargot lundi matin sur le périphérique parisien, avaient prévu de se retrouver place de la République mais n'y ont pas été autorisés.
Les écoles de conduite et inspecteurs, réunis en intersyndicale, demandent depuis plusieurs mois l'embauche de fonctionnaires supplémentaires - 170, selon leurs revendications exprimées lundi.
Les organisateurs avertissent que cette mobilisation était un "premier round" avant des actions "conjointes" (auto-écoles et inspecteurs) chaque lundi.
"Nous irons en régions, avec des blocages, plein d'opérations escargot, des piquets de grève, du tractage", a détaillé à l'AFP Philippe Destarkeet, secrétaire général Snica-FO, le syndicat majoritaire d'inspecteurs.
Les organisations professionnelles, qui ont été reçues deux fois par le gouvernement ces derniers mois sans obtenir satisfaction, ont indiqué qu'elles rencontreraient mardi François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur en charge du dossier. Le ministère n'a pas confirmé dans l'immédiat.
Le ministre souligne de son côté que "le plan d'action annoncé cet été", qui prévoyait la création de 80.000 places au permis, "porte déjà ses fruits".
Il relève, dans un communiqué lundi, que "11.785 examens supplémentaires" ont été "enregistrés" en août 2025, "soit une augmentation de 25%" par rapport au mois d'août 2024, et que l'augmentation devrait être de 39% en septembre et 59% en octobre, par rapport aux mêmes mois en 2024.
Le ministre rappelle aussi que 108 postes d'inspecteurs doivent être créés entre 2025 et 2026.
Il y a moins de 1.500 inspecteurs en France pour près de 1,4 million d'élèves en 2023.
En parallèle, les inscriptions au permis ont augmenté de 15% depuis 2019, a déclaré à l'AFP Philippe Destarkeet. "Nous les inspecteurs, on fait tout ça à effectif quasiment équivalent."
Résultat, le temps d'attente pour une date d'examen est passé de 40 à 80 jours en six ans, alors que le délai légal est de 45 jours, souligne le fonctionnaire.
En Île-de-France et dans les grandes villes, ce délai peut monter jusqu'à huit mois.
- "Ils nous mettent la pression" -
Les auto-écoles en ligne n'ont pas fait grève lundi mais soutiennent le mouvement, assure à l'AFP Edouard Rudolf, président de leur fédération, la Fenaa, et PDG d'En voiture Simone.
A Lyon, Enguerrand de Boissieu a attendu quatre mois cette année pour avoir une place, raconte-t-il à l'AFP. L'avocat de 30 ans avait besoin du permis pour raisons professionnelles et parce qu'il allait devenir papa.
Dans l'intervalle, il a repris "une heure par-ci, par là" pour ne pas perdre la main, une heure de conduite étant facturée entre 50 et 60 euros en France.
Cette somme s'ajoute au coût initial de la formation: environ 1.800 euros dans une école traditionnelle et 1.100 euros dans une école en ligne, selon Edouard Rudolf.
Mais certains élèves ne peuvent pas payer la rallonge ou ont besoin du permis pour décrocher un emploi. "Ils nous mettent la pression, ce qui est normal. On n'a pas de réponse à leur donner", regrette Gilles Cuissot.
Certains, même, "prennent des risques" en attendant leur tour, souligne pour l'AFP Christophe Saligot, moniteur indépendant dans les Hauts-de-Seine.
Ils conduisent illégalement avec leurs proches ou trouvent de faux moniteurs sur internet, dont certains n'ont même pas le permis, s'indigne le professionnel.
T.Reed--PI