

Cinquième nuit d'escalade entre Israël et l'Iran, Trump conseille d'évacuer Téhéran "immédiatement"
Israël et l'Iran ont échangé de nouvelles frappes mardi, au cinquième jour de l'escalade militaire entre les deux pays ennemis, au moment où le président américain Donald Trump quittait précipitamment le G7 après avoir conseillé aux habitants de Téhéran d'évacuer "immédiatement".
Des explosions ont retenti mardi matin à Tel-Aviv et Jérusalem et les sirènes ont retenti en Israël après des tirs de missiles depuis l'Iran, a annoncé l'armée.
Téhéran a promis de bombarder Israël "aussi longtemps qu'il le faudra" pour mettre fin à l'attaque israélienne sans précédent menée depuis le 13 juin avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de la bombe atomique.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé changer "la face du Moyen-Orient" avec cette attaque aérienne qui a visé des centaines de sites militaires et nucléaires, tué plusieurs des haut gradés et bombardé le siège de la télévision d'Etat iranienne. Des civils ont aussi été tués dans les deux pays par ces frappes qui ont visé des zones urbaines.
Selon le bureau de Benjamin Netanyahu, les représailles iraniennes ont fait au moins 24 morts depuis vendredi en Israël.
En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés, selon un bilan officiel établi dimanche.
La télévision d'Etat iranienne a en outre fait état mardi de trois morts lors de frappes israéliennes la veille sur son siège à Téhéran.
L'armée israélienne a déclaré mardi avoir mené dans la nuit dans l'ouest de l'Iran "plusieurs frappes de grande envergure" lors desquelles "des dizaines d'infrastructures de stockage et de lancement de missiles sol-sol ont été touchées", tout comme "des lanceurs de missiles sol-air et des sites de stockage de drones".
Les sirènes d'alerte ont retenti à deux reprises mardi à l'aube dans plusieurs points d'Israël, notamment dans le nord. Mais dans les deux cas, les habitants ont été autorisés à quitter les abris peu après.
Dans le même temps, Donald Trump a assuré que son départ anticipé du G7, lundi au Canada, n'avait "rien à voir avec un cessez-le-feu" entre Israël et l'Iran". "C'est beaucoup plus gros que ça", a-t-il dit sans autre précision.
"Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement", a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social.
"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ (sur le nucléaire, ndlr) quand je leur ai dit de signer", a-t-il ajouté.
M. Trump avait relancé récemment les négociations avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien. La République islamique, qui dément vouloir fabriquer l'arme atomique et défend son droit à enrichir de l'uranium afin de développer un programme nucléaire civil, a affirmé qu'elle ne signerait pas un accord tant que dureraient les attaques israéliennes.
- Porte-avions américain -
Sans appeler à la fin immédiate des hostilités comme les président russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan, les dirigeants du G7 ont appelé à "protéger les civils", affirmant le droit d'Israël à "se défendre" et qualifiant "l'Iran de "principale source d'instabilité et de terrorisme dans la région".
"Nous demandons instamment que la résolution de la crise en Iran aboutisse à une désescalade plus vaste des hostilités au Moyen-Orient, y compris à un cessez-le-feu à Gaza", ont-t-il écrit.
Face à cet embrasement, la Chine, via son ambassade, a pressé ses ressortissants de quitter Israël tandis que les Etats-Unis ont annoncé déployer des "ressources supplémentaires" au Moyen-Orient pour y renforcer leur "dispositif défensif", selon le ministre de la Défense Peter Hegseth.
Le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, selon le Pentagone.
- Grand Bazar fermé -
Lundi, les émissions de la télévision publique iranienne ont été brièvement interrompues par une attaque israélienne, qui s'est produite alors qu'une présentatrice critiquait vivement Israël à l'antenne.
Elle a été vue quittant précipitamment le plateau dans un nuage de poussière, tandis que des débris du plafond tombaient autour d'elle.
Téhéran a condamné "un acte ignoble et un crime de guerre" et a appelé deux chaînes de télévision israéliennes a évacuer leurs locaux.
Le Grand Bazar, le principal marché de Téhéran, est resté fermé lundi. Les rues de la capitale étaient pour la plupart désertes, les magasins fermés à l'exception de quelques épiceries, et de nombreux automobilistes faisaient la queue aux stations-service.
Israël affirme avoir détruit "la principale installation" du site d'enrichissement d'uranium de Natanz, dans le centre de l'Iran. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a cependant affirmé lundi qu'il n'y a "pas d'indication d'attaque" contre la partie souterraine du site, qui abrite la principale usine d'enrichissement.
Au delà du programme nucléaire, le Premier ministre israélien, dans plusieurs interviews à des médias internationaux, a lancé un appel au peuple iranien pour qu'il se soulève contre la "tyrannie" et estimé qu'assassiner le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, mettrait "fin au conflit".
Selon un responsable américain, Donald Trump s'est opposé à un plan israélien visant à éliminer l'ayatollah Khamenei, à la tête de l'Iran depuis 1989.
"Il suffit d'un seul coup de téléphone de Washington pour museler quelqu'un comme Netanyahu", a estimé sur X le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, se demandant si Donald Trump "est intéressé d'arrêter la guerre".
A.Edwards--PI