Washington et Téhéran se rapprochent d'un accord, dit Trump dans le Golfe
Les Etats-Unis et l'Iran se rapprochent d'un accord sur le nucléaire, a affirmé jeudi Donald Trump au Qatar, deuxième étape de sa spectaculaire tournée dans le Golfe ponctuée de nombreuses déclarations-choc sur les multiples crises qui secouent la région.
Fêté en Arabie saoudite et au Qatar, il doit se rendre jeudi aux Emirats arabes unis, mais il n'est pas exclu que l'impulsif président américain change ses projets.
"On ne va pas faire de poussière nucléaire en Iran", a affirmé Donald Trump depuis le Qatar. "Je pense qu'on se rapproche de la conclusion d'un accord", a-t-il dit, faisant reculer les cours du pétrole.
Quelques heures plus tôt, Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei avait dit dans un entretien à la chaîne américaine NBC que Téhéran était prêt à accepter un accord avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire, en échange de la levée immédiate des sanctions.
Dimanche avait eu lieu le quatrième cycle de négociations qui a débuté le mois dernier, et qui représente le contact le plus élevé depuis que M. Trump a retiré les Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) en 2018.
Un accord entre les deux pays sur le nucléaire représenterait une avancée diplomatique majeure dans cette région du monde et pour Donald Trump. Ce dernier a multiplié les déclarations fracassantes pendant cette tournée chez ses proches alliés du Golfe, qui l'ont fastueusement reçu.
- Gaza -
Il a ainsi répété jeudi que les Etats-Unis voulaient prendre la bande de Gaza, ravagée par 19 mois de guerre entre Israël le mouvement islamiste palestinien Hamas, et en faire une "zone de liberté".
"J'ai des concepts pour Gaza qui je pense sont très bons, en faire une zone de liberté, que les Etats-Unis s'impliquent et en fassent juste une zone de liberté", a déclaré le président depuis le Qatar. "Je pense que je serais fier que les Etats-Unis l'aient, la prennent, et en fassent une zone de liberté".
Il a aussi mis en garde les Houthis, affirmant que Washington pouvait "reprendre l'offensive" et recommencer à frapper le groupe yéménite, après qu'un cessez-le-feu a suspendu le 6 mai les bombardements américains lancés depuis des semaines.
"Nous traitons avec les Houthis, et je pense que c'est un succès, mais une attaque peut survenir demain, et dans ce cas, nous reprendrons l'offensive", a affirmé le président américain, alors que les Houthis sont supposés ne plus attaquer les intérêts américains en mer Rouge.
Mercredi, M. Trump avait créé la surprise en annonçant une levée des sanctions pesant sur la Syrie, et même accepté de rencontrer le président Ahmad al-Chareh, ancien jihadiste qui a pris le pouvoir après avoir renversé le régime de Bachar al-Assad.
Le président américain a aussi affirmé qu'il pourrait se rendre en Turquie si les premiers pourparlers directs entre la Russie et l'Ukraine sur l'issue de la guerre progressaient. "Vous savez, si quelque chose se passait, j'irais vendredi".
Avant cela, Donald Trump doit aller jeudi à Abou Dhabi, dernière étape de sa tournée dans le Golfe, une région clé de la rivalité stratégique entre les Etats-Unis et la Chine, structurante des relations internationales.
Cette tournée de trois pays du Golfe est le premier déplacement international important de Donald Trump, après son passage à Rome pour les funérailles du pape François.
- Milliards -
Comme pendant son premier mandat, il a boudé les alliés occidentaux traditionnels au profit de ces monarchies pétrolières et gazières, richissimes et de plus en plus influentes sur la scène diplomatique.
Mais alors qu'en 2017 il avait profité de son passage dans la région pour aller en Israël, il ne fera pas le voyage cette fois, ce qui, selon les analystes, confirme un froid avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Donald Trump ne devrait pas repartir des Emirats arabes unis sans avoir glané des promesses d'investissements et de commandes aux montants aussi faramineux que difficilement vérifiables sur le long terme.
L'Arabie saoudite a par exemple promis 600 milliards de dollars d'investissements, tandis que la compagnie Qatar Airways a passé une gigantesque commande à l'avionneur américain Boeing pour 200 milliards de dollars.
Adepte d'une diplomatie transactionnelle, le président américain estime que l'amitié des Etats-Unis ne va pas sans contreparties sonnantes et trébuchantes.
"C'est une tournée historique. Il n'y a jamais eu de tournée pouvant rapporter, au total, 3.500 à 4.000 milliards de dollars en seulement quatre ou cinq jours", a-t-il affirmé jeudi.
L'ancien promoteur immobilier a aussi très clairement confirmé la rupture avec la stratégie diplomatique de l'ancien président démocrate Joe Biden, faite en partie d'appels au respect des droits humains et à la démocratie. Ces notions n'ont pas été mises en avant dans le Golfe par le président républicain.
A.Edwards--PI