Philadelphia Independent - A Châteauroux, "la plus grande boulangerie d'Europe" aux défis de la décarbonation et du rajeunissement

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A Châteauroux, "la plus grande boulangerie d'Europe" aux défis de la décarbonation et du rajeunissement
A Châteauroux, "la plus grande boulangerie d'Europe" aux défis de la décarbonation et du rajeunissement / Photo: GUILLAUME SOUVANT - AFP

A Châteauroux, "la plus grande boulangerie d'Europe" aux défis de la décarbonation et du rajeunissement

Une production dense dont les lignes arrivent à saturation: pourvoyeur d'emplois historique pour l'agglomération de Châteauroux, dans l'Indre, l'usine Harrys, qualifiée de "plus grande boulangerie d'Europe", tente de répondre à des défis majeurs de décarbonation et de rajeunissement de ses effectifs.

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Une odeur de brioche qui sort du four et le ballet de dizaines de camions qui vont et viennent quotidiennement: depuis plus de 50 ans, le paysage n'a pas changé, ou presque, dans cette zone industrielle de Montierchaume, à la frontière de Châteauroux, au coeur de la campagne berrichonne.

L'entreprise de viennoiserie française Harrys, 1.300 salariés en France, rachetée par le géant italien Barilla en 2007, est depuis toujours un des principaux employeurs du département, où elle est présente depuis 55 ans.

"On est fiers de cet ancrage local, nous employons à Châteauroux 520 salariés, ce qui fait de cette usine la plus grosse boulangerie d'Europe", affirme fièrement Sébastien Machet, le directeur du site.

Dans le détail, 75% de la production du groupe pour la France, dont le pain de mie sans croûte et les célèbres brioches aux pépites de chocolat, provient de ce site de 35.000 m2.

"L'entreprise n'est peut-être pas notre premier employeur, mais c'est le deuxième de l'agglomération et le sixième du département", précise le maire de Châteauroux Gil Avérous (DVD) auprès de l'AFP.

L'entreprise revendique faire aussi travailler des chauffeurs, des opérateurs de maintenance et surtout une centaine d'agriculteurs locaux pour les matières premières.

Cette économie, "ADN de la ville" selon le maire, est même un sujet d'attractivité pour l'agglomération de 43.000 habitants, confrontée à des fermetures d'usines historiques depuis plusieurs années, comme avec le producteur de jantes Impériales Wheels et la disparition de ses 180 emplois en 2024.

- Saturation -

L'édile, tout comme le directeur du site, évoque une "fidélité" presque sans égal des salariés "100% castelroussins" de l'usine.

Ces dernières années, pourtant, cette fidélité a forcé la marque à s'adapter, face à des effectifs dont l'ancienneté tourne "autour de 40, 42 ans" et entraîne chaque année 20 départs à la retraite.

Pour y remédier, "un programme de transfert de compétences" a été mis en place "avec l'équivalent de 20 embauches chaque année" en remplacement, explique Sébastien Machet, évoquant des coûts de formation nécessaires de "500.000 euros par an".

D'autant que l'usine tourne à plein régime, 65.000 tonnes de produits en sortent chaque année, au point qu'une de ses huit lignes de production arrive à saturation.

"D'ici cinq ans, on va devoir se poser des questions sur l'augmentation du nombre de lignes de production" pour répondre à l'activité, dit M. Machet, "ce sera l'occasion d'agrandir encore l'usine grâce à la disponibilité foncière autour du site".

- Céramique -

Un investissement chiffré entre 35 et 40 millions par le groupe, mais qui représente un enjeu "majeur" pour Châteauroux et Gil Avérous, pour qui un tel investissement serait une "aubaine".

Un projet qui serait accueilli "très favorablement" par les organisations syndicales, selon Pascal Charlon, délégué CGT.

"Nous avons un dialogue franc et direct avec la direction, nous sommes mieux lotis qu'ailleurs", estime-t-il. "Les conditions de travail se sont largement améliorées depuis le début des années 2010", date du dernier conflit social d'ampleur dans l'usine.

Alors, désormais, priorité est mise sur "la réduction de l'empreinte carbone", selon son directeur, qui évalue les factures de gaz et d'électricité à 5 ou 6 millions d'euros par an.

"Avec la flambée des cours du gaz et de l'électricité il y a quatre ans, la facture d'énergie a été multipliée par trois", dit M. Machet.

Un investissement de six millions d'euros est prévu sur deux ans dans des récupérateurs de chaleur et à terme émettre "1.000 tonnes de CO2" en moins.

Autre projet, éliminer les Pfas, les polluants éternels, des moules à pain en téflon en passant "progressivement vers des moules en céramique".

D.Lopez--PI