Premières salves de l'accusation au procès pour trafic sexuel de P. Diddy
Le procès du producteur de rap et homme d'affaires P. Diddy, accusé d'avoir mis son empire au service d'un système violent de trafic sexuel, est entré dans le vif du sujet lundi à New York avec les premières déclarations de l'accusation.
Les douze jurés et six suppléants chargés de juger cette icône déchue du hip-hop, ont prêté serment lundi matin, après une semaine de sélection minutieuse parmi des dizaines de résidents new-yorkais.
L'accusation a notamment provoqué la colère de la défense et des accusations de biais racistes en récusant sept potentiels jurés noirs, mais le juge Arun Subramanian a estimé qu'il n'y avait pas de discrimination délibérée.
Ces citoyens, qui vont rester anonymes, devront dire après environ deux mois de procès très médiatisé si, dans les coulisses des succès de P. Diddy, se déroulait pendant des années un trafic sexuel impitoyable, où des femmes étaient contraintes de participer à des sortes d'orgies avec des travailleurs du sexe.
Figure bling-bling, qui affichait ostensiblement sa fortune - évaluée jusqu'à plus de 700 millions de dollars par Forbes - dans des fêtes somptueuses où se pressait le gratin du show-biz, P. Diddy, aussi appelé Diddy, ou Puff Daddy, comparaît détenu et risque la prison à vie.
Il est jugé pour trafic à des fins d'exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, ainsi que des actes d'enlèvement, corruption et de violences regroupés sous l'inculpation d'entreprise criminelle.
- Drogues -
Les débats ont commencé lundi par le réquisitoire préliminaire de l'accusation.
Les procureurs veulent convaincre les jurés que P. Diddy, artiste aux multiples Grammys et producteur à succès qui a aussi fait fortune dans la mode et les alcools, a mis depuis au moins 2004 sa notoriété, sa richesse financière et son influence redoutée dans le milieu au service de ce trafic sexuel.
D'après l'accusation, Sean Combs - son vrai nom - obligeait notamment ses employés à distribuer des drogues aux victimes lors de ces marathons sexuels appelés "freak-offs", parfois enregistrés en vidéo. Ils auraient aussi eu pour tâche de les faire taire ensuite.
Le fondateur de Bad Boy Records, qui a eu sous son aile des stars comme la reine du hip-hop soul Mary J. Blige ou le rappeur The Notorious B.I.G. - assassiné en 1997 - clame son innocence et assure n'avoir eu que des rapports sexuels consentis. Il a refusé un accord de plaider-coupable proposé par l'accusation, dont les détails n'ont pas été révélés.
La défense aura la parole pour sa première plaidoirie après l'accusation, puis le défilé des témoins va commencer.
La chanteuse de R&B Cassie, qui a été en couple avec Diddy, sera l'un des témoins les plus attendus. Une vidéo diffusée l'an dernier par CNN et captée par des caméras de surveillance avait montré Sean Combs se déchaîner violemment contre elle en 2016 dans un hôtel de Los Angeles.
La chanteuse avait déposé plainte au civil contre le producteur à l'automne 2023, des poursuites immédiatement réglées à l'amiable. Mais par la suite, plusieurs dizaines de plaintes au civil pour violences sexuelles, émanant de femmes et d'hommes, ont été déposées.
P. Diddy a été arrêté à l'automne 2024 à Manhattan. Depuis, celui dont les cheveux sont apparus blanchis lors de ses apparitions au tribunal, dort derrière les barreaux, au centre de détention métropolitain de Brooklyn, une institution connue pour avoir fait l'objet de plaintes pour son insalubrité et sa violence.
A.Edwards--PI